Malgré les offres d’emploi sont en hausse dans l’économie verte, les entreprises restent très exigeantes, et rechignent parfois à recruter des jeunes diplômés, qu’elles ne jugent pas assez formés.
Y-a t-il assez de jobs dans le développement durable pour tous les étudiants qui le souhaitent ? “Pour l’instant oui, confie Frank Debouck, directeur Centrale à Lyon. La demande dans ce secteur est croissante et gageons que l’offre continuera à suivre le rythme de la demande.”
Dans le sillage du directeur, les recruteurs sont unanimes : le marché est favorable aux candidats. Dans le développement durable, “vous ne pouvez pas être au chômage”, assène Justin Longuenesse, CEO d’Imagreen, un cabinet de recrutement spécialisé dans les énergies renouvelables, qui a déjà réalisé 150 recrutements en 2019 (contre 100 en 2018). “Sur quatre offres, deux à trois ont du mal à être pourvues”, précise-t-il.
Selon les données du ministère de l’Environnement, plus de 530.000 offres d’emploi portaient sur les métiers de l’économie verte en 2018, soit près de 16% de l’ensemble des offres publiées par Pôle emploi sur l’année. “De plus en plus d’entreprises ont pris la mesure de l’enjeu climatique, que ce soit avec l’introduction de la notion de ‘raison d’être’ par la loi Pacte ou l’essor des politiques RSE”, ajoute Caroline Renoux à la tête de Birdeo, un cabinet de recrutement expert dans le développement durable. Cette année, l’entreprise a publié 200 offres d’emploi, en croissance de 60% par rapport à 2016.
Formations à la peine
Si les métiers techniques sont rois, les fonctions commerciales et support sont de plus en plus en tension, indiquent les experts. Birdeo a identifié des métiers particulièrement en recherchés chez les juniors : analyste gérant climat et consultant spécialisé climat. Côté ingénieurs, les énergies renouvelables sont incontournables. “L’éolien, le photovoltaïque, et dans une moindre mesure la biomasse, sont des secteurs porteurs y compris pour les juniors”, complète Jens Bicking, CEO d’Elatos, cabinet spécialisé dans les métiers de l’environnement et de l’énergie.
Cependant manquent à l’appel des jeunes formés à toutes ces expertises. “Le développement durable n’est pas suffisamment intégré dans les formations. Beaucoup de jeunes font de la finance par exemple, sans apprendre l’ISR (Investissement socialement responsable). Beaucoup font du marketing, mais on ne leur dit pas comment faire du marketing durable”, tacle Justin Longuenesse.
Les entreprises peinent à recruter, faute de profils qualifiés sur le marché et aussi en raison d’exigences trop élevées, estiment les cabinets de recrutement. Elles ont tendance à se focaliser sur des profils avec au moins 5 ans d’expérience. Pourtant, une formation en interne peut parfois suffire.
“Sur les ‘hard skills’, on n’a pas réinventé grand chose. Toutes les compétences techniques sont déjà présentes dans l’industrie, quand on travaille dans une centrale gaz ou à l’exploitation de centrales éoliennes, un ingénieur électrique dispose des mêmes compétences”, précise Justin Longuenesse, qui pointe plutôt les “soft skills” : les recrues doivent faire preuve d’agilité, être capables de s’intégrer dans des sociétés plus petites comme des startups ou des PME et de fait, être polyvalents et capables de jongler avec les projets.
Des salaires qui s’équilibrent
Restent les salaires, parfois trop bas par rapport aux attentes des diplômés des grandes écoles. “Certains candidats ont des requêtes complètement irréalistes, en demandant à leur sortie d’école 45.000 euros brut annuel”, indique Caroline Renoux, qui constate néanmoins ces dernières années une hausse moyenne de 10 à 15% des salaires dans le secteur.
Dans la dernière enquête rémunération de Birdeo, un chargé de mission ou chef de projet RSE/développement durable en entreprise peut espérer gagner 39.000 euros brut annuel (hors variable) ; un responsable RSE 61.000 euros ; un directeur 105.000 euros.
Imagreen, quant à lui, précise qu’un commercial junior peut espérer toucher, en Ile-de-France, entre 28.000 et 30.000 euros de salaire fixe. Les profils financiers sont bien mieux lotis : de 38 à 40.000 euros pour des juniors. Dans les énergies renouvelables, la dernière enquête de Greenunivers pointe que les jeunes cadres ingénieurs “avec pas, ou très peu d’expérience peuvent parfois négocier des salaires bruts annuels très attrayants, proches des 40.000 euros.”
Crédit : Les Echos Start